À la base de Soi.

Depuis bien longtemps, j’ai cette envie d’écrire, de déposer un peu de moi, de ce qui fait la femme que je suis, mes convictions et mes pensées sur cette humanité que j’affectionne énormément.
Et je crois qu’avant de repartir vers le passé, je me dois de parler du présent. Comme avec SAJECE, d’où je pars, dans l’ici et maintenant ?

Je vais simplement revenir quelques années en arrière, lorsque, durant ma formation en soins infirmiers, j’ai eu l’honneur et le plaisir de faire un stage dans l’unité de soin Parents-Bébé (UPHB) au centre hospitalier d’Esquirol, à Limoges.

Ce fut mon premier stage de 3e année, et quelle révélation pour moi ! Moi qui faisais la formation exclusivement pour devenir puéricultrice, je découvrais la psychiatrie “aigüe” !
Une évidence s’est alors invitée en moi :
Ce n’est pas avec les enfants que je veux travailler, c’est avec l’Enfant Intérieur de chacun !
J’avais fait, quelques mois auparavant, un stage en Hôpital de jour pour enfant, où l’on m’avait parlé des schémas répétitifs, que bien des enfants accueillis en soin, étaient à la même place que leurs parents à leur âge…

Alors à savoir entre l’ Œuf ou la Poule, ma question était plutôt : « Qui entre l’adulte et l’enfant ?». 
Si je choisis de travailler avec les enfants, c’est déjà trop tard finalement. Pour limiter le risque d’apparition de gros traumatismes, c’est avec le parent, au mieux avant même qu’il ne le devienne, que le travail se fait. Pour que la graine ait le plus de chance de pousser de manière optimale, il faut qu’elle soit dans une terre “suffisamment bonne” (Merci Winnicott). Et je ne parle aucunement du terrain financier.
Je viens tout juste de lire une phrase qui reflète ceci je crois : “Affrontez vos démons ou ils élèveront vos enfants”. C’est un bon résumé je crois.

« Le Pédagogue ou "Connais-toi toi-même" », par Antonio Zanchi.
Musée Calvet, Avignon, France.

En bref, travailler sur les problématiques de l’adulte pour limiter, et au mieux éviter, qu’il ne les transmette à ses enfants.
On entend de plus en plus parler du transgénérationnel et de l’épigénétique, et de leur incidence possible sur notre évolution personnelle.  Et l’on sait aussi que, comme pour tout, rien n’est figé. Le vivant, c’est le mouvement, et le mouvement, c’est le changement !
Notre cerveau aime créer de nouveaux liens neuronaux, découvrir de nouvelles possibilités et situations. Cependant, nous avons tendance à réagir selon ce que l’on a déjà vécu, à travers des situations connues même si malaisantes. Rien d’étonnant donc, à entendre des phrases comme “j’ai tout essayé” que Isabelle Filliozat a très bien repris pour l’un de ses livres. Elle complète cette phrase par “J’ai tout essayé… parmi ce que je connais.”

Dans mon projet de futur puéricultrice, je rêvais de créer une crèche, où les parents puissent être accompagnés dans leur rôle, pas uniquement garder les enfants.
J’aurais voulu créer des groupes de parole, des temps de “formations”, bref, pouvoir créer un espace d’échange pour que de nouveaux outils puissent être mis à disposition, mettre de la nuance et de voir peut-être, d’autres manières de faire qu’un simple comparatif à notre propre vécu d’enfant.
Mais suite à l’immersion dans le milieu de la psychiatrie, tout a changé.

Après l’IFSI, plutôt que de passer le concours de puériculture, je me suis naturellement orientée vers les soins psychiatriques. J’ai été affectée de nuit, auprès de personnes âgées.
C’était le public avec lequel j’appréhendais le plus de travailler, et au final, j’ai fait le choix d’y rester en basculant en journée.
Entendre les histoires de vie, les réminiscences de leur passé et leurs traumas, et surtout, de voir comment les expériences vécues ont impacté leur parcours de vie. Parfois, comme une expérience similaire (ex: deuil) peut ressortir de manière tellement différente, car cela ne touche pas les mêmes blessures et tous n’ont pas les mêmes capacités d’expression de leur émotions.
À ce moment là, je savais déjà que je m’orienterais vers des accompagnements plus personnels. Je suis convaincu de l’importance de la connaissance et de l’expression de nos émotions. ce fut d’ailleurs une part de mon sujet de mémoire. “Soignantes émotions”.

J’ai aimé être infirmière, mais j’étais tellement convaincue de la nécessité d’aller au fond des choses, de permettre à la personne d’aller réparer et apaiser la cause de leur trouble présent pour un apaisement durable. Ce qui n’est pas possible dans le cadre actuel des soins. Et ce n’est pas un hasard si les soignants ont de plus en plus de difficulté à rester dans ce milieu. Ce n’est pas la charge de travail qui fatigue le plus. Quand on aime ce que l’on fait, on s’en recharge ! Mais quand on doit agir à l’encontre de nos valeurs, la batterie se vide bien trop vite. Et comment s’occuper des autres lorsque l’on n’a plus d’énergie ?

Trouver ce qui nous recharge n’est pas chose aisée. Ce sont les expériences, les essais et les échecs qui nous y mènent la plupart du temps. Nos expériences de vie en somme !
Comme la construction de nos valeurs, qui évoluent aussi avec nous-même. Et parfois, le travail d’enfouissement est devenu tellement habituel, qu’il nous paraît impossible de faire autrement.

Mes valeurs, elles viennent de loin. Et elles ont bien évolué tout au long de ma vie, mais depuis toujours, j’ai en moi tout cet Amour pour l’humain, de la physiologie à la psychologie. Le milieu dans lequel j’ai grandi y est pour beaucoup je pense. Une petite banlieusarde du 91, à moitié portugaise, qui a su prendre le positif du lieu et des gens avec qui elle a grandi …
Mais ça, ce sera pour une prochaine fois !

Prenez soin de vous.

Précédent
Précédent

Reprendre son pouvoir. Partie 2.